Il m'arrive de me revoir dans ces histoires écorchées comme un tissu effiloché par les saisons qui passent. Les coutures cédant sous le poids du temps, je m'accrochais aux fils de l'espoir, acharné à rapiécer tout ce qui se défaisait, tout ce qui se décousait. J'ai aimé avec cette naïveté têtue, persuadé que la volonté du cœur pouvait défier l'usure des heures. Mais tout a fini par se déchirer. Et alors, comme une ombre qui s'invite sans bruit, la honte est restée et s'est nourrie d'un échec de plus. Avide de combler le vide de chacune de mes nouvelles défaites.
J'ai vu mes rêves se dissoudre comme de l'encre sous l'averse, et des mains se détacher pour ne jamais revenir. J'ai vu des joies disparaître et des sourires s'effacer. Toutes ces fleurs qui se fanent pour laisser place au regret : celui qui me suit dans les rues vides de mes nuits d'insomnie. Ces nuits à réinventer ma vie, à reconstruire mes histoires et remodeler ma mémoire. Tout pour échapper à ce regret qui vient hanter mes pensées comme un parfum oublié, réminiscence d'une odeur évanouie.
Aujourd'hui, je conserve ces histoires comme on conserve des lettres jaunies par le temps — pliées, rangées, mais jamais vraiment oubliées. Elles portent encore, dans leurs plis, l'écho d'instants révolus. Elles me rappellent que l'amour n'est pas toujours une maison ; parfois, c'est un banc au bord du chemin, à l'ombre d'un arbre ancien, avec ses feuilles qui chuchotent au vent l'amertume portée par nos souvenirs. Et malgré la mélancolie qui s'assoit parfois à mes côtés, j'espère toujours qu'un jour, quelqu'un viendra prendre sa place et restera... pour voir avec moi la nuit tomber.
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