lundi 29 avril 2013

Autoroute et imprudence

Tantôt, je roulais, les fenêtres ouvertes, avec le soleil d'un début d'été qui m’inondait l'habitacle. J'étais seul sur la route, avec un sentiment de liberté, un sentiment de tous les possibles. Je roulais, droit devant, sans vouloir m'arrêter. Je me sentais revivre, par ce beau temps d'autoroute. Celui qui donne envie de partir, juste un peu plus loin, pour faire perdurer l'instant présent. Peu importe où j'allais, où j'irais, la destination perdait son importance dans les circonstances. Tout ce qui comptait, c'était ce désir de rouler, ad libitum, sans revenir. Poussé par cette soif de liberté, insufflée par tous ces bourgeons d'espoir qui accompagnent le printemps.

Je roulais, avec la musique qui me martelait les tympans, faisant écho à mon optimisme du moment. Je battais le temps, au rythme d'un air bon pour me convaincre que j'étais invincible avec tous mes possibles. Une musique de fond qui se répercutait jusque dans l'accélérateur, j'en tapais du pied jusqu'au plancher. Mais j'ai pris l'clos en voulant faire le héro, celui qu'on maudit pour n'avoir rien sauvé, pas même sa peau. J'me suis magasiné une épitaphe avec mon insouciance digne de l'adolescence.

La dernière fois que j'ai roulé, c'était droit devant, sans jamais m'arrêter. La destination a perdu son importance, parce que j'ai pas eu le temps de m'y rendre. Ostracisé, ad vitam aeternam, pour une question d'inconscience. L'instant présent n'aura pas duré, ma vie a été écourtée de quelques décennies. J'en ai encore pour une éternité, mais six pieds sous terre avec les vers. C'est le coût de ma liberté éphémère, celle qui aura duré le temps d'une chanson. Tout ce qui comptait, c'était d'me sentir revivre, de rouler sans revenir. Tout ce qui comptait, maintenant ne compte plus, à cause d'un surplus d'imprudence.

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