samedi 20 avril 2013

Fluage et papier-bulle

Un coup en pleine gueule. Même lorsqu'on l'attend, on n'est jamais trop enveloppé de papier-bulle pour l'encaisser. Mais on s'enorgueillit face à la douleur. On garde la tête haute, trop fier pour admettre la peine à ne pas s'évanouir.

C'est toujours un peu honteux d'avouer qu'à la vue du sang, je trépasse, me ramasse au plancher. Alors je ferme les yeux. Ou je regarde ailleurs. Tout pour me convaincre que si je ne le vois pas, ça n'existe pas. Me convaincre que la douleur n'est qu'un effet placebo d'une fausse réalité. N'importe laquelle. Mais pas ce coup en pleine gueule.

Ce n'est pas le premier. Ce ne sera pas le dernier. Mais quand même, on s'en passerait bien. On pourrait croire qu'on s'endurci avec le temps. Que la vie nous use à un point où la corne nous couvre en entier. D'une couche suffisante pour nous protéger de toutes les douleurs des coups à venir. Mais non, c'est se mentir que de croire ça. On est comme du béton. Tout mou, on mûri, on devient dur. Sans jeu de mots grivois. Mais ça beau être solide le béton, ça fini toujours par céder du terrain contre les forces qui reviennent trop souvent. Ça s'appelle le fluage.

J'encaisse le coup et je me remet debout, juste un peu plus croche. Je passe à autre chose. N'en demeure pas moins que mes expériences passées servent au fine tuning de mon comportement automate irrationnel. À la fois trop réfléchi, qui analyse à tort et à travers les signes précurseurs du prochain coup à venir. Juste pour tomber d'un peu moins haut. Je commence à manquer de papier-bulle.

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